Réflexion n°6

Quand la Provence, avec son creuset d’artistes-artisans, donne le meilleur d’elle-même et que le temps préserve ses chefs d’œuvres, la magie opère.

 

Notre miroir associe les derniers poncifs du style Louis XIII avec la modernité des nouveaux dessins de l’époque Louis XIV. Sur une moulure de profil typique du début de l’ère du Roi Soleil sont sculptés des motifs d’angles composés de fleurs d’essences diverses, au dessin très fouillé et à l’esprit méridional. Elles encadrent des « miroirs » (ce terme désigne ici les parties vierges de sculptures) moulurés et décorés d’un fin travail de reparure. Le tout est surmonté et entouré d’un superbe fronton ajouré et de chutes, parfaitement proportionnées, de fleurs et de feuillages.

 

Le fronton est un admirable morceau de sculpture, composé avec équilibre d’un entrelac de rubans « bretés », de rinceaux d’acanthes stylisées, d’un blason et d’une couronne. Cette dernière abrite curieusement un ancien nid de guêpes fossilisé.

 

La dorure, à part de minimes restaurations, est restée dans son état d’origine avec une merveilleuse patine et couleur typique de la Provence. On y note, fait rarissime, la persistance d’un dépôt de « sang de drago », décoction rouge de racines de dragonnier, arbre méditerranéen utilisé pour donner relief et contraste aux dorures, usage typique et restrictif de la Méditerranée, abandonné au XIXe siècle et donc élément d’authenticité.

 

Ce miroir associe un dessin très moderne, un travail de sculpture exceptionnel, une grande qualité de dorure, et une glace de taille rare pour l’époque, soufflée et biseautée, dénotant un objet de prix et de grande provenance.

 

Hauteur : 1,50 m

Largeur : 1 m

 

Photos de Florent Dumas